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Novembre 1918
Après une retraite générale tout au long du mois d'octobre 1918, l'armée allemande a décidé de prendre position à Valenciennes, une ville située à un endroit stratégique et comptant plusieurs milliers de civils français, et la dernière grande ville française encore sous contrôle allemand. Les commandants allemands pensaient que les Alliés ne bombarderaient pas une ville remplie de civils français, et ont consolidé leur position en inondant la zone autour de la ville.
Le 27 octobre, le général Horne, le général Currie et le commandant du 22e corps britannique discutent de la meilleure façon de prendre Valenciennes. Ils décident qu'ils doivent d'abord prendre le Mont Houy, une colline fortifiée surplombant la ville. Le plan prévoit que la 51e division du 22e corps britannique prenne le Mont Houy et avance jusqu'au chemin creux (la "ligne rouge") le 28 octobre, puis que la 4e division canadienne passe à travers la 51e et prenne la "ligne bleue" qui comprend les faubourgs de Valenciennes. Puis, le 1er novembre, la 4e division canadienne prendra les hauteurs à l'est de la ville, pour permettre au reste du Corps de traverser le canal de l'Escaut et de prendre la "ligne verte", qui inclut la ville.
Le 28 octobre, la 51e Division ne parvient pas à atteindre la ligne rouge face à une forte opposition allemande, mais dans la nuit, elle tient la majeure partie du versant sud de la colline, la station du Poirier et le village de Famars. En conséquence, le plan de prise de Valenciennes doit être révisé, et rapidement, car la ville est un point clé du flanc gauche de la grande offensive britannique prévue pour le 3 novembre. Les lignes bleue et verte sont donc fusionnées en une seule opération pour la 10e Brigade canadienne, appuyée par une artillerie massive et soutenue par la 49e Division britannique sur la droite. La Brigade attaquera Valencinennes du sud à l'est, et la 12e Brigade canadienne fera le ratissage après avoir traversé le canal de l'Escaut. Le nouveau plan est fixé au 1er novembre.
Dans la nuit du 29 octobre, les 47e et 44e bataillons canadiens prennent le relais des lignes britanniques et envoient des patrouilles de combat pour reconnaître les positions ennemies et les fils barbelés. En préparation de la bataille, l'artillerie lourde du Corps canadien reçoit l'ordre de bombarder les positions allemandes jour et nuit. À elle seule, la 10e Brigade d'infanterie disposait de plus de 250 canons de campagne et de siège en appui. Une complication majeure était la présence de nombreux civils encore dans la ville. L'armée voulait les épargner des tirs d'obus lourds, et s'est donc concentrée sur des attaques ciblées sur des bastions militaires allemands connus, comme le village voisin de Marly.
Le premier objectif était le Mont Houy, pour lequel avait été préparé un barrage d'artillerie unique avec un barrage rampant frontal, des tirs d'enfilade et des tirs obliques. Il y avait également un soutien d'artillerie lourde depuis l'autre côté du canal (les pièces ne pouvaient pas encore traverser). Deux bataillons de mitrailleuses étaient également en soutien, tandis que d'autres pièces d'artillerie fournissaient un écran de fumée pour l'attaque. Les Canadiens ont également investi de la main-d'œuvre et près de cinquante canons dans une vaste contre-batterie visant à trouver les nids de mitrailleuses allemands dans les bâtiments de la ville et à les bombarder, ainsi qu'à détruire les pièces d'artillerie ennemies.
Les jours précédant les attaques, ainsi que le 1er novembre lui-même, le temps est épouvantable, et lorsque les soldats des 44e et 46e Bataillons quittent leurs positions à 5 h 15 le 1er novembre, ils le font sous une pluie battante. Les Canadiens avancent rapidement derrière un barrage roulant, mais sont obligés de mettre leurs respirateurs en raison des obus à gaz allemands. Les tirs d'artillerie allemands, en revanche, étaient faibles, à la fois en raison des actions efficaces de contre-batterie des Canadiens les jours précédents et de la mauvaise qualité des obus.
L'objectif de la ligne rouge est atteint dans les délais prévus, le 44e bataillon prenant le mont Houy en quarante-cinq minutes. Les soldats allemands, "tétanisés par le barrage écrasant" commencent à se rendre en masse. L'objectif de la ligne bleue, dans les faubourgs de Valenciennes, est pris à 10h20 par le 46e bataillon, bien que les défenseurs soient deux ou trois fois plus nombreux que lui. Le 47e Bataillon atteint le canal à la même heure. Peu après, les Canadiens ont commencé à rencontrer une forte résistance dans la ville de Marly, de l'autre côté du canal, et à subir le feu nourri des mitrailleuses dans le sud de la ville. Au cours de la matinée, la 12e Brigade et la 3e Division établissent des têtes de pont sur l'Escaut, tandis que les autres encerclent et poussent dans la ville. A midi, les Canadiens ont atteint le cœur de la ville.
À la fin de la journée, les Allemands se trouvaient encore dans certaines parties de la ville, mais ils ont été repoussés progressivement au cours de la nuit par la 12e Brigade canadienne. Le 54e Bataillon attaque le village de Marly le matin du 2 novembre, mais découvre en arrivant au village que l'armée allemande a déjà battu en retraite. À 8 h 30, les Canadiens étaient parvenus jusqu'à l'extrême périphérie de la ville et, à la fin de la journée, ils avaient complètement pris la ville. .
Pertes : Allemands : 1800 capturés, 800 tués. Canadiens : 80 tués, 300 blessés. Le rapport entre le nombre de tués et de capturés par les Allemands, qui était inhabituellement élevé, a fait l'objet de controverses depuis la bataille. Certains disent que les soldats canadiens étaient moins disposés à faire des prisonniers après 4 ans de combat, et surtout après avoir vu comment les populations françaises locales avaient été maltraitées par les occupants.
Avancées technologiques : La principale innovation technologique est le barrage d'artillerie surpuissant qui a constitué le plus grand soutien d'artillerie pour une seule brigade canadienne dans toute la guerre.
Stratégies : Les stratégies clés qui ont fait de Valenciennes un succès malgré les obstacles étaient de prendre d'abord les hauteurs à l'extérieur de la ville (Mont Houy), et de masser l'artillerie pour l'utiliser pour les barrages, le feu de trois côtés, la contrebatterie et les frappes ciblées. La bataille de Valenciennes est également l'un des rares exemples de combat urbain pendant la guerre. Les commandants militaires avaient essayé de l'éviter, le général Currie en particulier s'inquiétant du fait que le Corps canadien n'avait pas été suffisamment entraîné à la guerre urbaine.
Personnes notables : Le sergent Hugh Cairns du 46e Bataillon avait déjà la DCM, qu'il avait gagnée à Vimy. À Valenciennes, il a reçu la dernière Croix de Victoria du Canada de la guerre en chargeant à lui seul deux nids de mitrailleuses. Il fut blessé en fin de journée le 1er novembre, et mourut de ses blessures le lendemain.