Apprendre

Quasi-scandale au sein de l'armée canadienne

Juin 1917

Le lieutenant-colonel Cosgrave montre au général Currie un casque d'acier allemand abîmé, ramassé après une récente avancée. Crédit : Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-001532

Sir Arthur Currie, commandant du Corps canadien

Au moment où Sir Arthur Currie prend le commandement du Corps canadien, une faute de son passé vient hanter sa réussite. Membre supérieur de l'unité de milice d'avant-guerre 50th Gordon Highlanders à Victoria, en Colombie-Britannique, Currie avait détourné 10 883,34 $ des fonds du régiment pour payer les dettes contractées à la suite de l'effondrement de ses investissements immobiliers au début de la guerre. Lorsque Currie a quitté le Canada pour un déploiement outre-mer, il manquait encore aux Highlanders les fonds qu'ils avaient détournés.

Au cours des années qui ont suivi son départ, les commandants successifs du 5oth Gordon Highlanders ont lentement retracé les fonds manquants jusqu'à Currie, le rattrapant par coïncidence en juin 1917, au moment où il obtenait sa plus haute promotion. Soulevant la question auprès du ministre de la Milice et de la Défense, Sir Edward Kemp, qui venait de remplacer Sir Samuel Hughes, les représentants du gouvernement ont désespérément cherché à résoudre le problème sans scandale public. Même le ministre canadien d'outre-mer à Londres, sir George Perley, a envoyé un message au premier ministre Borden pour lui demander si Kemp serait "prêt à verser personnellement la moitié de l'argent si je fais de même" (Brown, Morton, The Embarrassing Apotheosis of a 'Great Canadian' : Sir Arthur Currie's Personal Crisis in 1917 dans The Canadian Historical Review, p. 60).

Heureusement pour Currie, son erreur de jugement momentanée a été supplantée par ses qualités exceptionnelles de chef militaire et la dépendance évidente du Corps canadien à son égard. Dans une tournure intéressante de l'histoire, il semble que la capacité de Currie à obtenir la foi et la confiance de ses subordonnés lui a permis de traverser le scandale ; en effet, ce n'est que grâce à des prêts du major-général David Watson et du brigadier Victor Odlum que Currie a pu rembourser les 10 883,34 $, évitant ainsi son licenciement et la disgrâce publique du Corps canadien (Zuehlke, Brave Battalion, p. 168, et Brown, Morton, The Embarrassing Apotheosis of a 'Great Canadian' : Sir Arthur Currie's Personal Crisis in 1917 in The Canadian Historical Review, p. 58).

Télécharger l'affiche